Un grand rassemblement s’est tenu au Trocadéro le 25 avril en mémoire de Sarah Halimi, pour manifester publiquement contre toute forme d’antisémitisme et pour demander une révision de la loi afin d’éviter que l’abolition du discernement, synonyme d’irresponsabilité pénale ne soit à l’avenir retenu dans d’autres affaires.
François Clavairoly y était présent avec les autres représentants des cultes en France. Il a pu témoigner de la fraternité du protestantisme à l’égard du judaïsme et de la famille de Sarah Halimi et a participé à la lecture en tribune du psaume 133 « Ah qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble ! » .
Il répond à quelques questions dans l’interview qui suit.
Interview de François Clavairoly, président de la FPF :
Pourquoi être allé à cette manifestation, qu’avez-vous pu exprimer ?
J’ai tenu à manifester par ma présence au Trocadéro auprès du grand Rabbin Haim Korsia mon soutien à la famille de madame Sarah Halimi et le souhait que la loi évolue sur le sujet de la responsabilité pénale.
A cette occasion, avec d’autres représentants de culte,j’ai pu dire combien la tenue d’un procès malgré des circonstances exceptionnelles est un élément important dans le processus de réparation et de reconnaissance de l’action de la justice.
Pourquoi cette manifestation intervenait ce 25 avril ?
La confirmation, mercredi 14 avril, par la Cour de cassation de cette décision de la cour d’appel de Paris de décembre 2019 a soulevé un vent de protestation dans la communauté juive et bien au-delà. L’émotion est d’autant plus forte que le caractère antisémite du meurtre est reconnu par les juges. Il était nécessaire d’organiser un tel événement.
Finalement, quelle perspective y a-t-il concernant un changement de loi dans cette terrible affaire ?
Il y aura donc une loi Sarah Halimi, du nom de cette femme de confession juive torturée et défenestrée par un voisin en avril 2017. Eric Dupond-Moretti, ministre de la justice, a annoncé, dimanche 25 avril, qu’il présenterait, fin mai, au conseil des ministres un projet de loi pour modifier le code pénal sur la prise en compte des troubles psychiques ou neuropsychiques dans l’abolition du discernement au moment de la commission d’un crime ou d’un délit.
Comment est-ce possible que ce cas de figure advienne ?
Cette abolition du discernement, synonyme d’irresponsabilité pénale, avait été retenue par six des sept experts psychiatres mandatés par la justice dans le cas de Kobili Traoré, le meurtrier de cette retraitée parisienne alors qu’il avait consommé du cannabis. Le concept scientifique de « bouffée délirante » utilisé par les médecins pour définir l’état de démence dans lequel se trouvait cet homme de 27 ans est source d’incompréhension, interprété par le public comme synonyme d’un enivrement lié au produit stupéfiant.
C’était important d’être présent à cette manifestation ?
C’était primordial. Le protestantisme doit toujours et sans cesse être aux côtés des juifs pour à la fois témoigner de cette inconditionnelle fraternité et rappeler que nous ne tolérons sous aucune forme l’antisémitisme. J’ai reçu de si nombreux remerciements pour cette présence que je n’imagine pas que nous ayons pu être absents.
Propos recueillis par Aude Millet
Photo : François Clavairoly, Haim Korsia avec les autres responsables de cultes au Trocadéro le 25 avril pour Sarah Halimi
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